CESSEZ LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES !

Le plus grand et le plus peuplé des camps de réfugiés au monde se situe au milieu d’une plaine aride et poussiéreuse dans la province nord-est du Kenya, près de la frontière avec la Somalie. Là-bas, en juillet 2012, j’ai rencontré une femme dans un hôpital de Médecins Sans Frontières qui venait d’arriver de Somalie. Elle n’avait que 25 ans mais avait déjà quatre enfants. Son dernier venait de naître il y a peine trois jours. «Mon bébé», disait la femme, «m’a protégée du viol». Voilà comment : alors qu’elle fuyait le chaos en Somalie avec son époux et d’autres réfugiés, le groupe a été attaqué par des hommes armés près de la frontière. Ils ont séparé les femmes et les filles et ont commencé à les violer. Lorsque son tour arriva, la femme, qui était encore enceinte, était si terrifiée qu’elle commençait à accoucher. Les hommes armés l’abandonnèrent seule, mais ils ont retenu son époux pour qu’il reste en Somalie et qu’il se batte à leurs côtés. Elle et ses enfants ont marché trois jours durant avant d’atteindre Dadaab.
La violence sexuelle à l’encontre des femmes est monnaie courante dans les conflits des pays que j’ai visités dans le cadre de mes fonctions au sein du HCR : Rwanda, Sierra Leone, Libéria, la République Démocratique du Congo, Tchétchénie, Colombie, le Timor Oriental, Kosovo… la liste est longue. Dans les conflits, les violences sexuelles demeurent généralisées. Les femmes et les filles devenant souvent les cibles de groupes armés qui emploient le viol et d’autres moyens violents pour terroriser la population.

Dans le monde, chaque minute, huit personnes fuient pour échapper au conflit et à la persécution. Quatre sont des femmes et des jeunes filles. Privées de la protection de leur foyer, de leur gouvernement et souvent de leur structure familiale, elles sont confrontées aux difficultés extrêmes de longs périples vers l’exil, au harcèlement ou à l’indifférence des personnels de l’administration et aux abus sexuels fréquents – même après avoir rejoint un lieu apparemment sûr. En plus des problèmes de santé physique et morale, les victimes de violences sexuelles sont également confrontées à l’ostracisme de leur communauté, à un manque de compassion, au traumatisme psychique et à des problèmes pour gagner leur vie et subvenir aux besoins de leur famille.

Cette réalité brutale constitue la matière première de l’œuvre d’Yvelyne Wood. A travers la restitution de témoignages de femmes recueillis par le HCR dans des conflits en divers pays du monde qu’elle a intégré dans un univers artistique, elle a su rendre universels la souffrance et l’espoir de ces femmes.