L’exposition qui se tient dans les locaux du Conseil Général de Tarn-et-Garonne du 10 décembre 2012 au 31 janvier 2013 n’est pas seulement l’aboutissement de plusieurs mois de travail opiniâtre, passionné, et acharné d’Yvelyne WOOD, mais bien la continuité de sa réflexion artistique et de sa passion créatrice, qu’elle sait imposer par son esprit convainquant et par sa volonté, tels des manifestes au service d’un projet ambitieux tout autant que marquant.
Le lieu de présentation est très symboliquement localisé dans un lieu de réflexion et d’élaboration sociale et politique, lieu de pensée et de construction de l’avenir au travers des enseignements acquis et des confrontations et échanges des expériences déjà vécues.
Après le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève, après un musée parisien il y a près de deux ans et enfin le site prestigieux de l’Université de la Sorbonne, c’est désormais l’Hôtel du Département de Tarn-et-Garonne qui accueille le fruit des dernières recherches et créations d’Yvelyne WOOD sur les acharnements que l’homme peut imposer à la femme au cours des guerres.
Particulièrement attachée au travail de la mémoire que les horreurs de la guerre nous imposent de cultiver, l’artiste a orienté ici son travail sur le cas particulier des dérives, abominables et inqualifiables, que les femmes peuvent subir au travers d’un conflit. Yvelyne WOOD nous pousse au travers d’œuvres installées avec élégance et jamais vulgaires à une réflexion profonde et intime sur l’homme et ses actes, et la mise en place d’un ensemble de ses œuvres dans un lieu de construction sociale au sens large du terme trouve une résonance encore plus grande à la démarche proposée.
Au premier abord on pourrait croire rencontrer une artiste qui occupe son temps et passe dans les espaces au gré de ses déplacements. Il n’en est évidement rien, bien au contraire. Elle sait mettre la main à l’ouvrage dans les techniques les plus éprouvantes et dans les transports des matériaux les plus lourds, mettant en scène les éléments de la vie courante mêlée aux vestiges, physiques ou mémoriels, de l’histoire des hommes.
Yvelyne WOOD dérange. Tant mieux ! Elle n’hésite pas à nous proposer les thématiques les plus bouleversantes au travers d’œuvres qui peuvent nous choquer dans nos regards et dans nos consciences, toujours avec élégance. Elle remplit ainsi pleinement son rôle d’artiste contemporaine : interroger au moyen de son art et de son expression nos esprits et nous entraîner vers une réflexion sur le monde, ses errements, ses dérives et ainsi, peut être et avec une lueur positive, conduire l’homme à modifier, pour l’améliorer, son comportement.
Stéphane Ceccaldi, historien de l’art